L'abbaye escarpée, poussée là-bas, loin de la terre, comme un manoir fantastique, stupéfiante comme un palais de rêve, invraisemblablement étrange et belle (Guy de Maupassant)

jeudi 23 juillet 2015

Table des étapes



vendredi 10 juillet 2015

Marcher sur un chemin pendant plusieurs jours

Une idée qui fait son chemin...

Depuis plusieurs années, l'envie de me lancer dans une randonnée un peu longue (Compostelle, pourquoi pas moi ?) revenait régulièrement dans ma tête ; elle est demeurée au stade de la rêverie jusqu'à ce que sonne la fin de mon activité professionnelle fin janvier 2015. A ce moment-là, les contraintes fortes d'emploi du temps disparaissent, le temps personnel qui s'offre à vous permet de sortir des tiroirs les listes de choses à faire et des replis de votre cerveau les projets latents qui ont besoin de temps pour être préparés et réalisés.

Des lectures plus ou moins récentes ont entretenu le rêve d'un départ pour une marche dans la durée : Chemin faisant (Jacques Lacarrière) ; Remonter la Marne (Jean-Paul Kauffmann) ; Marcher, une philosophie (Frédéric Gros). Ce dernier ouvrage, je l'ai découvert le 28 mai 2013 grâce aux Nouveaux chemins de la connaissance (Adèle Van Reeth) diffusés sur France-Culture. Ce jour-là, l'émission à laquelle Frédéric Gros - enseignant-marcheur/chercheur - était invité, avait pour thème : "Faut-il se libérer des contraintes ? La marche : une expérience paradoxale de liberté

Extrait de son livre : "La marche, on n'a rien trouvé de mieux pour aller plus lentement. Pour marcher, il faut d'abord deux jambes. Le reste est vain. Aller plus vite ? Alors, ne marchez pas, faites autre chose : roulez, glissez, volez. Ne marchez pas. Et puis, marchant, il n'y a qu'une performance qui compte : l'intensité du ciel, l'éclat des paysages. Marcher n'est pas un sport."


La lecture du livre, six mois après l'émission, m'a ébloui et, je crois, m'a décidé à réaliser ce projet de marche, au-delà de la simple journée comme j'avais l'habitude de le faire depuis très longtemps avec un groupe d'amis ou de collègues, ou en famille.

Restait à savoir où partir ? et quand ?

Le projet se précise

Compostelle m'apparaissait (m'apparaît encore) comme un chemin difficile, trop difficile pour le néophyte que je suis, trop ambitieux en quelque sorte. La lecture de Immortelle randonnée, le récit de Jean-Christophe Ruffin n'était pas fait pour me rassurer sur la difficulté. Donc, pour commencer, commence modestement; me suis-je dit ; il sera temps de réitérer et d'envisager une marche lointaine et longue. Un moment, j'ai pensé rallier Paris, où j'habite, au Morvan cette région de la Bourgogne où réside ma mère.

Mais finalement le choix du Mont Saint-Michel s'est imposé à la mi-février (2015) : comme Compostelle, le sentier vers le Mont est un sentier de pèlerins "reconnu" ; doublement patronné d'une certaine manière : par la Fédération française de randonnée pédestre et par l'Association Les Chemins de Saint-Michel. Ce sera donc le chemin de grande randonnée numéro vingt-deux, en abrégé : GR22.


Ce GR22 part de Paris (Notre-Dame). Même sans difficulté majeure, c'est cependant un long ruban blanc et rouge de 549 kilomètres : là encore, pour une première j'ai réduit mon ambition ; j'y ai été aidé en constatant que dans le tronçon Paris-Alençon, les hébergements (petits hôtels de campagne, gîtes communaux, chambres d'hôtes) étaient très peu nombreux et qu'en revanche à partir d'Alençon, de ce point de vue, les choses allaient un peu mieux.  Je voulais marcher avec un sac pas trop lourd et dans des conditions de confort (en particulier la nuit) qui me permettent de sauvegarder mon dos... J'avais d'emblée exclu le camping.

Choix des étapes et préparation

Le choix des étapes, c'est-à-dire des villes, villages ou hameaux de départ et d'arrivée, a tenu compte des hébergements disponibles et des distances à parcourir ; je ne visais pas à un exploit sportif, tout en sachant que marcher plusieurs jours d'affilée pouvait être physiquement éprouvant. Sur ces bases, j'ai tout d'abord préparé - sur le papier - un projet étalé sur deux semaines avec des étapes dont la distance de chacune allait de 17/18 kilomètres à 25/30 kilomètres, en me ménageant au cours des quinze jours - comme les coureurs du Tour de France - deux étapes de repos, c'est-à-dire deux journées où je stationnais dans la ville-étape.

Entre la mi-mars et la mi-avril, j'ai recensé dans le topo-guide du GR22 et sur des sites Internet (Tourisme dans l'Orne, Tourisme dans la Manche, Gites de France en Normandie) les hébergements (petits hôtels, chambres d'hôtes, gîtes) susceptibles de pouvoir m'accueillir. Toutes les personnes que j'ai contactées par téléphone pour des réservations ont été avenantes et, lorsque je les ai rencontrées "sur le terrain" en juin, j'ai apprécié cette gentillesse et cette chaleur humaine que j'avais ressenties pendant la préparation de ma balade.
Pour confirmer mes réservations, je pensais devoir avancer le paiement, faire des courriers ; or, dans beaucoup d'endroits, la parole donnée a suffi.

A la fin du mois d'avril, les étapes et l'agenda de la marche étaient fixés : départ lundi 15 juin pour Alençon ; début de la marche sur le GR22 mardi 16 juin et arrivée prévue au Mont Saint-Michel lundi 29 juin - arrivée avec Clorinde qui allait me rejoindre à Avranches samedi 27 juin !

Parallèlement, la préparation de mon équipement pour partir a requis beaucoup d'attention : quel volume pour le sac à dos et quoi emporter pour qu'il ne soit pas excessivement lourd ? Là aussi, j'ai beaucoup consulté de sites Internet où des marcheurs longue-distance expérimentés donnent des conseils (un exemple parmi d'autres : Les Chemins de Saint-Jacques de Compostelle).

D'autre part, même si je ne concevais pas cette randonnée comme un exploit sportif, un minimum de mise en condition physique était indispensable. Le temps en avril et de la mi-mai à la mi-juin 2015 a été très favorable, globalement beau et pas trop chaud ; j'ai régulièrement marché 10/12 kilomètres par jour dans Paris et effectué, une fois par semaine, une randonnée d'au moins 20 kilomètres, à un rythme "soutenu", en région parisienne : forêt de Sénart, canal de Saint-Denis et bords de Seine, boucles de la Marne, forêt de Chantilly, canal de l'Ourcq, etc.

Ville de départ : Alençon
lundi 15 juin 2015

Paris-Gare Montparnasse TGV 8121 à 13h45 pour Le Mans, puis correspondance par le TER 57249 pour Alençon où je débarque à 16h10, ce qui me laisse du temps pour faire un beau tour de ville, après avoir pris possession de ma petite chambre à l'hôtel de Normandie, face à la gare. Accueil très aimable; patronne sympathique et encourageante (pour l'effort qui m'attend), chambre correcte !

Alençon, préfecture l'Orne : ville moyenne (26 300 habitants) qui recèle quelques beaux monuments et lieux bien agréables à découvrir.


Le château des Ducs
L'hôtel de la Préfecture
Pour qui a peu de temps, le plan circuit-découverte que donne l'Office de Tourisme est parfait et permet en deux ou trois heures, sans se presser, d'avoir un bon aperçu de la ville : hôtel de la Préfecture, basilique Notre-Dame, maison d'Ozé, château des Ducs, hôtel de Ville, halle au Blé, halle aux Toiles, sans oublier l'historique maison du poste de commandement du Général Leclerc, le parc des Promenades, le petit jardin botanique (du lin, matière première de la dentelle d'Alençon ; mais aussi de beaux seringats...le jasmin des poètes) et les ponts sur la Sarthe.

Pèlerin atypique, j'avoue avoir ignoré la maison de la famille Martin dont la fille Thérèse devint sainte Thérèse de Lisieux...

Parmi les choses sérieuses, je recommande la pizzeria Le Napoli au 158 Grande Rue 61000 Alençon : bonnes pizzas, prix raisonnables et accueil sympathique. 

Voir les photos de mon tour de la ville d'Alençon.

D'Alençon à Livaie
mardi 16 juin 2015

C'est sous un ciel bleu et un soleil radieux que je quitte Alençon par le Nord et traverse Damigny. De bon matin, les martinets volent en escadrille poussant des cris stridents dans la ville ; leur succède, à peine une heure plus tard, dans la campagne normande, une fois franchi le pont sur la nationale douze, le chant aérien des alouettes.
Me voici vraiment lancé ! Et déjà s'annonce la forêt d'Ecouves massif forestier qui fait partie du parc régional Normandie-Maine et couvre 15 000 hectares dont plus de la moitié en forêt domaniale.

Pause déjeuner à Saint-Nicolas-des-Bois : petit village (273 habitants) au milieu de la forêt, belle église.

Sur ma gauche, se rapproche au fil de la marche une colline domine le paysage : la Butte-Chaumont (au singulier) un des points hauts de la Normandie qui culmine à 378 mètres. 


La Butte-Chaumont (378 mètres)

Une borne au carrefour des Arcis
... et un séquoia
Au carrefour des Arcis : anciennes bornes de signalisation en granit un peu antérieures à la Révolution. La forêt d'Ecouves en possède 80, classées à l'inventaire des monuments historiques.  A ce même carrefour se dressent de magnifiques séquoias.

Vers 16h00, j'arrive à La Baudrière hameau de la commune de Livaie (198 habitants) à la maison de la chambre d'hôtes sise un cadre magnifique. En attendant la propriétaire  - qui m'a fait comprendre assez sèchement au téléphone que j'avais dit arriver à 18h00 et à qui je rétorque que voyageant à pieds j'avais mal estimé mon temps de parcours - en les attendant, je parle avec une jeune fille et une vieille dame, sa grand-mère malade souffrant d'une grave insuffisance rénale et devant être dialysée quotidiennement, deux personnes tout à fait aimables qui louent une maison appartenant à la propriétaire et à son mari et disent se reposer, profiter du calme et de la beauté de l'endroit.

Si la chambre est tout à fait correcte, grande, propre et calme, la qualité du repas servi le soir n'est pas vraiment en rapport avec le prix demandé. Mais après une étape de 23 kilomètres, et sans autre table alentour à une distance raisonnable (à pieds), a-t-on le choix ? sauf à prévoir un pique-nique... Un peu de concurrence dans les alentours pourrait ne pas faire de mal ; mais le marché existe-t-il ?

Voir les photos de l'étape d'Alençon à Livaie.

De Livaie à Carrouges
mercredi 17 juin 2015

Lesté de mon sac de dix kilos, plus ou moins selon la teneur du pique-nique (j'aime les pamplemousses qui ont le tort de peser lourd...), me voici en route pour la deuxième étape sur le GR22, quittant La Baudrière sans trop de regret, pour une assez courte étape (18 kilomètres) à travers la forêt d'Ecouves que j'ai commencé à parcourir hier.
Sur le chemin, je rencontre deux marcheuses nordiques (nin pas des dames blondes, mais des personnes qui pratiquent la marche nordique) ; spontanément, elle me demandent si je suis en route pour le Mont Saint-Michel. On entame la conversation ; une d'elles me dit qu'avec son mari et un groupe de randonneurs, ils participent à l'entretien et au balisage du sentier qui mène au Mont.


Balisage de de l'Association des chemins de Saint-Michel
Malgré une petite erreur de parcours (faute d'inattention de ma part) qui m'a fait dévier du GR22 environ quatre kilomètres avant la fin de l'étape, j'atteins Carrouges (département de l'Orne) en tout début d'après-midi : il est treize heures lorsque je m'installe sur un banc place de la mairie pour déjeuner.

Installation à l'hôtel du Nord (personnel très accueillant, de la sympathie pour le marcheur !), de l'autre côté de la place de la marie ; chambre simple, propre et calme. Puis, visite du château de Carrouges, en bas de la ville : ne pas s'y rendre eût été une grosse erreur. Ce château du XIVe siècle plusieurs fois agrandi et remanié jusqu'au XVIIe siècle est inscrit au classement des monuments historiques depuis 1927 et géré par le Centre des monuments français.


Les douves du château de Carrouges
Le verger-conservatoire
Ayant du temps devant moi, j'ai profité de la proximité de la maison du Parc naturel régional Normandie-Maine pour visiter l'exposition permanente qui présente de manière très attractive, pédagogique et ludique, l'éco-système régional : faune, flore, géologie, paysages (forêts, bocages : je met un "s" car j'ai découvert qu'il existe plusieurs types de bocage en Normandie, etc.), productions agricoles (pommes, poires, etc.).
Entre le château et la maison du Parc, dans un verger-conservatoire sont plantés depuis 1975 quatre-vingt dix variétés de pommiers et soixante-dix de poiriers. Pour les lecteurs qui aiment pommes et poires, je conseille la consultation de ceci : pommes et poires de Normandie.


A propos du bocage normand, paysage typique, extrait d'un document (2007) intitulé Stratégie de la région Basse-Normandie pour la biodiversité : " L’écosystème bocager normand est un exemple mondial d’équilibre entre l’action de l’homme et les dynamiques de la nature : c’est un habitat biologique riche et biologiquement fonctionnel d’origine artificielle. La Basse-Normandie n’est pas la seule région bocagère française (Limousin, Thiérache, Bretagne, Haute-Normandie), ni européenne (Belgique, Pays-Bas, Angleterre), mais c’est celle où le bocage est à la fois le plus diversifié, le plus étendu et le mieux conservé. En raison de l’imprécision des suivis, divers chiffres incertains circulent sur le linéaire total de haies en région (80 000 km ? 53 000 km ?). On sait que les haies bas-normandes sont variées et en forte régression (8 km/km² en 1997, 12,9 km/km² en 1972 - chiffres Diren)."

Pour changer du pique-nique "jambon-tomate-kiri-pomme", je dîne au restaurant de l'hôtel du Nord et m'offre le menu à 18,90 euros, accompagné d'une bouteille de cidre local : salade de calamars aux agrumes (excellent), filet mignon de porc au cidre fermier (parfait), mousse au chocolat (une "vraie" et copieusement servie).
Nous étions trois dans la grande salle à manger : un commercial représentant de clôtures électriques pour l'agriculture, un francilien de Pavillons-sous-Bois venu monter une crêperie à Carrouges, et moi ; installés quasiment chacun à un coin de la salle, cela ne nous a pas empêché d'échanger durant tout le repas ! Un moment très convivial.

Ce soir, je comprends que le chemin sera l'occasion de rencontres inattendues et de découvertes passionnantes.

Voir les photos de l'étape Livaie-Carrouges.

De Carrouges à Bagnoles de l'Orne
jeudi 18 juin 2015

Je vais faire quelques courses pour le repas de midi : une dizaine de tranches d'andouille de Vire, pain, tomates, pamplemousse (l'andouille - pur produit local - a été pour mon plus grand plaisir au menu de bien des pique-niques). Puis je traverse une dernière fois Carrouges et pars pour une longue étape de trente kilomètres. Le Tour de France sera ici le 10 juillet : la commune a décoré la ville en accrochant des vélos, plus ou moins vieux, dans les rues où passera le peloton.
Le GR22 dans le bocage : aspect-tunnel


Vélo pour accueillir le Tour de France
Le temps (la météo) a changé du tout au tout ce matin : ciel gris et bas, limaces de sortie (signe de pluie) ; ce n'est pas la pluie qui se met à tomber, mais par intermittence un crachin qui oblige néanmoins à sortir le vêtement de pluie et à protéger le sac à dos. Heureusement, à de nombreux endroits, dans ce pays de bocage (voir étape précédente), le chemin passe entre deux haies suffisamment hautes et touffues qui donnent au chemin un aspect de tunnel et protègent de la pluie.

Le crachin ne mouille pas vraiment, mais le chemin en certains endroits a gardé trace des pluies des semaines précédentes qui durent être importantes ; pendant quelques kilomètres, le terrain est gras, comme disent les commentateurs de matchs de football ou de rugby ; boue, flaques immenses qui semblent parfois infranchissables mais dont on arrive à se tirer à force de marche précautionneuse, et parfois d'accrochage aux branches. Un moindre mal : chaussures et pantalon maculés de boue.


Parfois le chemin se confond avec un ruisseau
Un peu avant l'étang du Petit Jard (au lieu-dit la Noë Panier), deux chiens - un petit nerveux et un gros lourdaud ; Laurel et Hardy ? - foncent vers moi en aboyant furieusement ; je suis à moitié rassuré malgré la présence du paysan à cent cinquante mètres devant moi qui fait traverser le chemin à ses vaches et à qui de toute évidence les chiens appartiennent. Il les rappelle à l'ordre, me serre la main et me demande si je vais au Mont Saint-Michel. Je bavarde un petit moment avec lui ; une "trogne" : le visage tanné, cheveux hirsutes, des gros poils roux sortant des oreilles et une incisive haute manquante. Sa soeur habite près de Paris : quel enfer, me dit-il. Quelle vie rude doit avoir cet homme au beau milieu de cette campagne normande, me dis-je en repartant.

Après l'étang du Petit Jard, le GR22 entre dans la forêt de la Ferté-Macé qui constitue une partie de la forêt d'Andaines ; le chemin est moins boueux ; mais son balisage devient plus incertain avant l'arrivée au lieu-dit La Vallée de la Cour ; le recours à la boussole et à la carte n'empêche pas quelques hésitations avant de trouver la bonne direction.


La petite chapelle Saint-Antoine au creux de son vallon
Un peu avant, un petit détour d'environ un kilomètre (une rude descente et une remontée du même tonneau) permet d'aller voir un site magique : la petite chapelle Saint-Antoine blottie au fond d'un vallon et entourée de grands arbres.


Les vaches dans le paysage
Après la Vallée de la Cour, le sentier devient plus rectiligne et plat ce qui rend fort opportunément plus supportables les cinq longs derniers kilomètres de l'étape. Arrivée à la maison d'hôte Au Clairmont à Bagnoles de l'Orne : passablement crotté, je suis soulagé d'avoir bien tenu physiquement pendant cette longue étape.

Mon hôtesse, charmante, me dit que Bagnoles de l'Orne est une ville qui mérite la visite et me donne plein de conseils avisés d'endroits à découvrir. Cela tombe bien, car demain je ne repars pas sur le GR22 : je vais savourer ma première étape de repos.

Avant de de découvrir Bagnoles, je me déleste de mon sac et le vide complètement ; douche, lessive (une tâche quotidienne...) ; un peu de repos pendant lequel je repense à cette longue journée de marche, et à quelques oiseaux que j'ai aperçus : deux ou trois couples de buses, un martin-pêcheur, quel bel oiseau ! (à l'étang du Petit Jard), et plusieurs bergeronnettes.


Le Lac et le Grand Hôtel à Bagnoles de l'Orne
Bagnoles de l'Orne (2 377 habitants), ville touristique, station thermale réputée : un air à la fois d'Enghien-les-Bains (près de Paris), de Deauville et du Touquet ; une discrète opulence et beaucoup de douceur de vivre. Une étape de repos bien choisie !

Ce soir, je me récompense pour l'effort accompli et vais déguster au restaurant de l'hôtel Roc au Chien un ris de veau aux morilles, plateau de fromages et tarte aux fraises sur lit de pistaches. Me voilà prêt pour faire un petit tour de la ville au soleil couchant.


Vue du Roc au Chien : le complexe thermal de Bagnoles
Vers 22h30, je retrouve ma belle chambre, spacieuse, calme et agrémenté d'un beau balcon.

Voir les photos de l'étape de Carrouges à Bagnoles de l'Orne.

Une journée à Bagnoles de l'Orne
vendredi 19 juin 2015

Une étape de repos bienvenue.
 Bagnoles de l'Orne

Fort des conseils de mon hôtesse, je pars en milieu de matinée visiter Bagnoles de l'Orne. Après un petit tour dans le "centre-ville" autour de la place de la République, je me rends dans le quartier Belle Epoque de la ville. Auparavant, j'avais pris un rendez-vous aux thermes pour un après-midi de détente et de relaxation :) (voir plus bas).

Le quartier Belle Epoque a été créé à la fin du XIXe siècle, grâce à la conjugaison de la notoriété croissante de la station thermale et de l'arrivée du chemin de fer, et sous l'impulsion d'Albert Christophle, homme d'affaires local. Ce dernier décide d'aménager et de lotir un vaste espace où, sur chaque parcelle, seront construites des maisons de vacances répondant à un strict cahier des charges.

Pour les détails, voir ici l'instructif dépliant de l'Office du tourisme de Bagnoles.


La villa Beau Séjour (1889), quartier Belle Epoque de Bagnoles
L'unité architecturale de ce quartier lui confère un charme fou ; les très belles demeures de pierre et/ou de briques, dont les façades sont très ouvragées (bow-windows, auvents, décors de frises colorées, colombages, etc.) ont un aspect "Art Déco" que l'on retrouve dans des villas au Touquet ou à Deauville.


Une autre villa du quartier
Une autre façade de la villa Beau Séjour







Dans ce quartier, j'ai rencontré un vieux monsieur promenant son chien : engageant la conversation, il me dit qu'il aurait aimé acheter une de ces maisons lorsqu'il s'est installé à Bagnoles ; mais les anglais, m'explique-t-il, étaient en nombre sur le marché et faisaient monter vertigineusement les prix, rendant les villas inaccessibles à toute une catégorie de "locaux". Aujourd'hui, ajoute-t-il, plusieurs maisons sont en vente, les propriétaires n'ayant plus les moyens d'entretenir ces grandes demeures. Leur prix a sensiblement baissé.

Avant de quitter ce sympathique monsieur, il m'interroge sur ma présence à Bagnoles ; je lui explique le but de ma randonnée ; il m'apprend que son épouse part à pieds de Bagnoles pour le Mont avec un groupe d'amis le prochain dimanche (21 juin).

L'après-midi de ce vendredi, je m'offre une séance de relaxation ! J'ai en effet réservé au Bo'Spa des thermes un forfait trois soins (stimulation massante au jet tonique, bain apaisant aux arômes de pommes et application d'argile revitalisante du dos) qui me donne accès au hammam, à la piscine et à la salle de repos. Trois heures trente de pure détente.

Mais la marche reprend le dessus et en fin d'après-midi, suivant un autre des conseils de mon hôtesse, je me rends à Bas-Bésier, un hameau situé à un petit kilomètre de Bagnoles où se trouve le prieuré de Saint Ortaire.


La chapelle de Saint-Ortaire
Saint Ortaire vécut au VIe siècle et fut, de son vivant, l’objet d’une véritable ferveur populaire. Selon la légende il possédait la renommée d'accomplir des miracles. Les fidèles qui se rendaient à la chapelle avaient l'habitude de déposer sur leur chemin des cailloux pour retrouver leur route. Ils en mettaient également sur les arbres, murs et murets entourant le sanctuaire, à la hauteur de leur mal ou de la douleur à guérir («Plus la douleur est forte, plus le bloc doit être gros», dit la rumeur populaire). Lorsque le caillou tombait d'une façon naturelle, le malade était guéri. Sinon, malheur à celui qui le faisait tomber, il héritait du mal.

Voir les photos de Bagnoles de l'Orne.

De Bagnoles de l'Orne à Domfront
samedi 20 juin 2015

Je quitte Bagnoles de l'Orne vers 9h30 après le ravitaillement (boulangerie, charcuterie, épicerie), et environ deux kilomètres plus loin me retrouve dans la forêt d'Andaine (qui enserre Bagnoles), sur un chemin rectiligne, ou peu s'en faut, chemin orienté Est-Ouest : une ancienne voie romaine que j'emprunte pendant une douzaine de kilomètres.

Sur cette longue ligne droite dont le bout se dérobe au fur et à mesure qu'on avance, la marche devient par moment monotone, le pas mécanique ; l'esprit se mettant à vagabonder et la fatigue aidant, là-bas au loin, droit devant, on imagine un animal (lapin ou fouine ?) qui à l'approche se relève n'être qu'une branche cassée d'un arbuste tombée sur le chemin...


Le chemin file bien droit


La chapelle Sainte-Geneviève

Sur un tel chemin, on prend le temps d'écouter les innombrables et continus chants d'oiseaux, de sentir l'odeur des pins et des sous-bois plein de fougères encore humides de la rosée de la nuit. Et on comptabilise les personnes rencontrées : au cours des dix-huit kilomètres de l'étape, j'ai croisé une marcheuse/promeneuse et ses deux chiens, trois marcheurs pressés, un premier vététiste, un cavalier (près de la chapelle Saint-Geneviève) et un second vététiste. Soit sept personnes sans compter les chiens ; peu de monde pour un jour de week-end.

Sur un tel chemin, on découvre les légendes normandes, comme celle de la fée Gione, vieille laide et méchante, qui s'abritait sous le dolmen le long du chemin. Cette fée rendait quelquefois visite aux paysans des alentours, qui lassés de sa présence, lui préparèrent un mauvais coup. La Gione s'enfuit et on ne la revit jamais dans une ferme du bocage. Mais nul ne se hasarderait à la nuit tombée dans les parages de son dolmen. La légende raconte que la fée ensorcela le jeune seigneur de Bonvouloir, qui le soir de ses noces, la suivit à un sabbat. Le lendemain matin, le seigneur aurait été trouvé inanimé sur le lit de la Gione.


Le dolmen de la fée Gione
J'arrive à Domfront (département de l'Orne, 3 770 habitants) assez tôt en début d'après-midi, cafouille un peu pour trouver l'hôtel de France, m'y installe ; comme tous les jours douche, lessive, mini-sieste, et me voilà de nouveau dehors pour (re)découvrir Domfront.

Redécouvrir, car j'étais venu ici avec parents à l'été 1967 lorsqu'ils avaient loué pour les vacances un gîte rural à Saint-Mars d'Egrenne à quelques kilomètres de là. Souvenir : l'année précédente, en vacances à Carolles (sud de Granville), nous avions fait la connaissance et sympathisé avec une famille tchèque installée à Domfront après avoir fui le régime communiste. Le père y tenait une horlogerie-bijouterie - dont je n'ai pas retrouvé la trace. La famille nous avait encouragé à venir à Domfront l'été suivant ; ce que mes parents ont décidé de faire. Avec le fils de la famille, nous allions à la pêche dans l'Egrenne, rivière très poissonneuse à l'époque. Celui-ci avait passé (ou allait passer) le concours d'entrée à Centrale Paris (selon mes calculs il fut diplômé en 1968/1969 ou en 1972/1973) ; l'école était encore installée dans Paris et il était venu plusieurs fois nous rendre visite dans notre banlieue sud pendant sa scolarité.
Plus de quarante-cinq ans ont passé et je n'ai pas reconnu Domfront...


L'église Notre-Dame sur-l'Eau à Domfront
Le choeur de l'église Notre-Dame-sur-l'Eau

Mon hôtel est situé dans la ville basse ; la vieille ville et son château sont perchés cet cinquante mètres plus haut : dur après l'étape du jour !

Avant de monter, visite de Notre-Dame-sur-l'Eau à deux pas de l'hôtel, chef-d'oeuvre de l'art roman normand des XIe et XIIe siècle bâti par Guillaume Ier de Bellême. L'église a reçu des personnages célèbres : des souverains anglo-normands (Henry II Plantagenêt, Richard Coeur-de-Lion), les rois de France en pèlerinage vers le Mont Saint-Michel (Saint Louis en 1256, Louis XI en 1475).

Le premier château de Domfront a également été érigé par Guillaume Ier de Bellême. Bâti sur un éperon de grès armoricain, dominant la cluse de la Varenne, il constituait un site de défense remarquable contrôlant la route de Caen vers le Maine et l'Anjou, et le chemin d'Alençon au Mont Saint-Michel.


Les ruines du donjon de Domfront
Ce samedi soir Domfront fête la musique, dans la ville haute. Pas question de remonter : je suis trop fatigué... Dîner à l'hôtel (à noter : un pressé de cabillaud et saumon aux tomates confites, d'anthologie...) et au lit.

Voir ici les photos de l'étape de Bagnoles à Domfront.

De Domfront à Saint-Georges-de-Rouelley
dimanche 21 juin 2015

Je quitte Domfront par la "voie verte" pour aller rejoindre le GR22 à deux kilomètres de là : on désigne sous ce vocable l'emprise d'une ancienne voie ferrée transformée en un lieu de promenade et/ou de randonnée où se retrouvent cyclistes, vététistes, et marcheurs. Au cours de ma balade en Normandie, à plusieurs reprises, j'ai pu apprécier ces voies vertes. Comme hélas partout en France le train, et donc les lignes de chemins de fer, est abandonné au profit des bagnoles, poids lourds et cars, les collectivités locales devraient faire un effort pour redonner vie à ces emprises. Ces voies sont vertes non seulement par les circulations douces qui s'y pratiquent, mais aussi parce que s'y développent dans les haies, les arbres, les talus et les fossés qui les bordent une flore et une faune diversifiée. Je clos ici mon couplet écolo.


La voie verte en partant de Domfront
De bon matin, sur cette voie verte Domfront-Mortain via Barenton (26 kilomètres) je fais plusieurs rencontres : d'abord le garde-pêche qui revient de sa tournée d'inspection le long de la Varenne et avec qui je parle un bon moment. Il m'explique que cette voie verte est un succès : les communes y organisent régulièrement des manifestations sportives, ludiques, etc. Son coût, me dit-il, est de un euro par habitant de la Communauté de communes. En pleine discussion, deux amis à lui, en vélo, s'arrêtent et prennent part à l'échange.

Au bout d'un moment, presque à regret, je quitte le trio car je voudrais ne pas terminer l'étape trop tard. Et puis contrairement à l'étape précédente, aujourd'hui s'annonce une succession de montées et de descentes qui pourraient user le marcheur. A peine reparti, je rencontre un randonneur d'un style un peu particulier : gros à sac à dos en toile, légèrement bedonnant, un petit chien à ses côtés. Je l'interroge sur sa destination : le Mont Saint-Michel par la voie verte, plus marchante (un automobiliste dirait : roulante) que le GR22 sur lequel - cap au Nord - je m'engage.


Ruisseau = chemin
Chemin de bocage
En début d'après-midi, j'arrive à un haut-lieu de cette étape et me retrouve face à un nouveau chef d'oeuvre : l'église abbatiale Notre-Dame de Lonlay. Un grand parc verdoyant l'entoure, au bord de l'Egrenne : quelques tables de pique-nique y sont à la disposition des visiteurs. En ce dimanche ensoleillé, il n'y a personne : ce sera un bel endroit pour manger le menu du jour : sardines à l'huile d'olive et tomates, sans oublier le kiri et le pamplemousse.

L'intérieur comme l'extérieur de cette église sont d'une beauté simple et pure ; l'immense choeur gothique et le transept de style roman sont des merveilles. J'ai du mal à partir de ce lieu magique qui me fait fort impression et m'aimante ; j'y suis aidé par un couple d'anglais à qui je prête ma fiche-guide bilingue sur l'église que j'avais demandée à l'Office du tourisme de Domfront. En les attendant, je refais un tour du monument...



L'église abbatiale Notre-Dame de Lonlay
Je reprends le chemin, passe devant la célèbre - dit-on - biscuiterie de Lonlay : je ne dirai rien des biscuits que je n'ai pas goûtés ; l'établissement ce dimanche était fermé. La dernière partie de l'étape est une succession de hauts et de bas qui mettent à rude épreuve jambes, dos et pieds. Pour la première fois, je sens une ampoule en formation à l'arrière-bas du talon, malgré la crème Pédirelax (publicité gratuite pour les Laboratoires Pierre Fabre...) que je m'applique consciencieusement chaque matin depuis le départ d'Alençon, sur les conseils avisés que Anne m'avaient donnés.


Les hauts sont nombreux et offrent le plaisir de voir de vastes paysages aux horizons lointains, comme sur cette crête qu'emprunte le sentier avant d'arriver à la Fosse Arthour. La Fosse Arthour est un beau site naturel rocheux et boisé où le lit torrentueux de la Sonce se fraie un passage à travers la crête de grès armoricain qui court de Domfront à Mortain ; la Sonce sépare ici le département de l'Orne de celui de la Manche.


De vastes paysages avant la Fosse Arthour
La Fosse Arthour : site d'escalade







Site d'escalade réputé, la Fosse Arthour est aussi un lieu de légendes. La plus fameuse étant celle du roi Arthur qui aurait fini ses jours en ce lieu : « Arthur s’était établi avec sa femme en ces lieux sauvages. Le génie du ruisseau qui traverse l’endroit l’avait séparé de la reine en enjoignant à celle-ci de se tenir sur l’autre rive : Arthur n’avait le droit de rejoindre son épouse qu’après le coucher du soleil : un jour, il contrevint  à cet interdit et voulut traverser le gué avant le soir, mais il fut précipité dans un gouffre et la reine se suicida aussitôt par désespoir. Toutefois, ni l’un ni l’autre ne sont tout à fait morts : ils gisent en état de dormition dans les cavernes inaccessibles que l’on appelle la Chambre du roi et la chambre de la reine (...). » (Hippolyte Sauvage, in Recueil des Légendes normandes par divers auteurs, Domfront, 1872, n° 19, p.3.) 

Avant d'arriver au hameau de Fieffes-sous-les-Buttes (commune de Saint-Georges-de-Rouelley) où se trouve le gîte communal où je dormirai ce soir, je fais la connaissance d'un couple de vieilles personnes (Victor Cherruault, 86 ans, ancien ouvrier dans une carrière à proximité de Mortain, et madame) assises sur un banc devant le bel étang de la Fosse Arthour. La dame m'invite à m'asseoir ; tout heureux de trouver à qui parler, ils m'interrogent sur mon équipée ; je les questionne sur leur région. Avec leur autorisation, je les prends en photo et leur promet de la leur envoyer. Promesse tenue.


L'étang de la Fosse Arthour
Le gîte communal à Fieffes
Je les quitte, téléphone à la personne qui doit m'accueillir au gîte et arrive peu après dans le petit hameau de la Fieffes : le premier voisin est un agriculteur à quatre cents mètres du gîte. Le gîte pour quatre personnes que je suis seul à occuper...
 
Les photos de l'étape de Domfront à Saint-Georges-de-Rouelley.

De Saint-Georges-de-Rouelley à Mortain
lundi 22 juin 2015

J'ai quitté l'Orne hier en fin d'après-midi au franchissement de la Sonce. Je marcherai désormais dans le département de la Manche jusqu'au Mont Saint-Michel.


L'église de Rancoudray
Après les 21 kilomètres hier, aujourd'hui s'annoncent 22 kilomètres et une météo qui se dégrade. Les collines sont au rendez-vous du parcours, donc une succession de montées et de descentes ; les chemins humides et boueux jalonnent le sentier ; et de surcroît, à certains endroits une absence de balisage fait douter le marcheur sur la direction à prendre et l'oblige à attentivement lire sa carte et sortir sa boussole.

En résumé, une étape qui une fois terminée se révèlera avoir été une des plus difficiles. J'avais été prévenu (gentiment) par la personne de l'accueil à la maison du Parc naturel régional Normandie-Maine à Carrouges que le sentier entre Domfront et Mortain n'était pas toujours aisé. Je confirme cet avis.

Chemin humide
Le temps s'est assombri au fil de l'après-midi et la pluie commence à tomber une heure avant le terme de l'étape. Pas un petit crachin comme j'avais eu à connaître certains jours précédents, non, une bonne pluie bien drue et qui mouille.

Près de Mortain, fatigué et humide, je sors Google Maps pour m'assurer du chemin le plus court pour me rendre Au bon vent le petit hôtel qui m'accueille ce soir. La machine m'indique un chemin à prendre sur la gauche en quittant le GR22 qui me mènera au "Champ Morin" que je devrai traverser ; je vois le chemin qui part en pente : un peu broussailleux, mais cela passe. Au bout de trois cents mètres environ, j'arrive contre une barrière agricole en bois avec, dans le pré de l'autre côté des moutons qui paissent. La pluie continue de tomber et me fait renoncer à rebrousser chemin. J'escalade la barrière lesté de mon sac à dos et me retrouve au milieu des moutons aussi étonnés que moi. Je traverse le pré et vois qu'il est entouré d'une clôture électrique. Je la longe et finis par trouver un endroit où sa hauteur me permet de l'enjamber. Je sors enfin du Champ Morin qui est bel et bien une propriété privée dans laquelle j'ai pénétré grâce aux indications de GM. Ce fut à coup sûr un raccourci en distance parcourue, pas nécessairement en temps passé...


Le ciel s'éclaircit sur Mortain
Collégiale Saint-Evroult à Mortain

Je mets mes affaires en ordre pour que tout ce qui est humide sèche au mieux. Je dîne au restaurant de l'hôtel : sur six tables occupées, quatre le sont par des touristes anglais dont un groupe de cyclistes qui logent à l'hôtel.
Le soir, la pluie a cessé de tomber et le ciel s'est éclairci ; mais la fraîcheur est bien là : lorsque je sors après dîner faire un petit tour dans Mortain, la température est de 7° C, environ 15°C de moins que ce matin au départ de la Fieffes.

 Les photos de l'étape de Saint-Georges-de-Rouelley à Mortain.